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Causes du déclin démographique

Évolution des mentalités, moyens de contraception, conjoncture économique, COVID-19 : des facteurs globaux

D'un point de vue global, plusieurs facteurs expliquent les baisses de natalité de ces dernières décennies. Si l'on remonte 50 ans en arrière, la mise en circulation et promotion des moyens contraceptifs a été l'un des premiers freins à la natalité. En France, sous le nom de « Loi relative à la régulation des naissances », la loi Neuwirth promulguée en décembre 1967 met en place une législation autorisant la fabrication et l’importation de moyens de contraception et leur vente exclusive en pharmacie sur ordonnance médicale, avec autorisation parentale pour les mineures. En Italie, la Cour suprême italienne a estimé le 17 mars 1971 que la loi de 1930 interdisant l'information, la fabrication ou la vente de contraceptifs était anticonstitutionnelle. Ces législations ne viennent pas adoptées sans débat et les natalistes convaincus ont du mal à accepter cette régulation des naissances souhaitée par les mouvements féministes.

 

Aujourd'hui, les femmes veulent moins d'enfants pour diverses raisons. Selon une étude IFOP (Institut français d'opinion publique), 13% des femmes françaises interrogées n'ont pas pour projet d'avoir un enfant en 2022, contre 2% en 2006. Parmi celles-ci, 50% d'entre elles estiment qu'avoir un enfant n'est pas indispensable à leur épanouissement personnel, 48% évoquent l'envie de "rester libre, sans responsabilités parentales", et 39% souhaitent par ce geste ne pas accentuer le réchauffement climatique.

D'autres facteurs macro-environnementaux peuvent entrer en jeu lorsqu'il s'agit de démographie. Le premier, aux conséquences débattues, est la crise économique. Si on prend l'exemple de la crise de 2008, les effets n'ont pas été partout les mêmes. Dans la plupart des pays européens, en particulier les pays méditerranéens dont l'Italie, une véritable corrélation peut être observée. La dégradation du marché du travail semble jouer rapidement et fortement à la baisse sur la fécondité ; lorsqu’il s’améliore, le retour à la hausse de la fécondité est en revanche plus lent et moins visible. Les perspectives économiques individuelles influent également sur la concrétisation du projet d’enfant. Dans d'autres pays comme l'Allemagne ou la France, les politiques publiques et familiales ont semble-t-il permis à la croissance démographique de se poursuivre.

Enfin, la pandémie de Covid-19 peut également être citée comme cause récente de dénatalité. La crise sanitaire a particulièrement impacté la natalité dans les pays où les confinements ont été les plus longs et où le système de santé est le moins performant. Ainsi, selon les chiffres de la revue scientifique Human Reproduction, la Lituanie (-28,1%), l'Ukraine (-24,4%) et l'Espagne (-23,5%) enregistrent les baisses de naissances les plus importantes en Europe en janvier 2021, soit plus de 9 mois après le premier confinement. La Suède, qui n'a jamais confiné, n'a pas vu son nombre de grossesses baisser. La France (-14,4%) et l'Italie (-17,2%) se situent dans la moyenne européenne. Il est encore trop tôt pour connaître les conséquences à long terme de la pandémie mais il est probable que ce contexte anxiogène et incertain ait retardé le projet d'enfant de certains couples.

Le cas italien : des facteurs nationaux et structurels

Qu'est-ce qui explique la situation italienne ? En dehors des conjonctures globales, plusieurs spécificités font de l'Italie une terre peu fertile. Dans un premier temps, l'âge de la première grossesse a continuelle augmenté ces dernières décennies. De nos jours, de plus en plus de femmes italiennes réalisent des études supérieures, qui se terminent souvent après 24/25 ans, soit plus tard que dans d'autres pays. A noter que le diplôme d'État qui conclut l'enseignement secondaire est généralement obtenu à 17 ou 18 ans en France (baccalauréat) contre 19 ans en Italie (maturità). Une autre composante prend son importante dans un pays à l'influence catholique tel que l'Italie : la proportion de grossesses hors mariage. En France, où le PACS (Pacte civil de solidarité) a eu un succès considérable, même inespéré, près de 2/3 des naissances se font hors mariage en 2022, ce qui en fait la proportion la plus élevée d'Europe. En Italie, ce taux s'établit autour de 30%.

Autre point à prendre à considération : l'âge auquel les Italiens quittent le nid familial. En 2021, il se situait autour de 30 ans, contre 23,6 ans en France. Plusieurs termes pour désigner les jeunes (ou moins jeunes) adultes qui coupent le cordon à un âge élevé : bamboccioni ("gros bébé") ou encore mammoni ("fils à maman"). S'ils sont plus souvent utilisés pour désigner des hommes, le phénomène touche aussi les femmes. Entre attachement familial et conjoncture économique défavorable, les raisons sont multiples pour expliquer cette tardive autonomie financière.

Tous ces éléments expliquent pourquoi les Italiennes font leur premier enfant plus tardivement que dans n'importe quel autre pays d'Europe (31,4 ans), conduisant à une baisse du taux de fécondité.

L'ÉVOLUTION DES NAISSANCES

EN FRANCE ET EN ITALIE

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